La mobilité : un obstacle majeur à l’insertion professionnelle des jeunes

Les difficultés de déplacement constituent un frein important à l’emploi et à la formation pour de nombreux jeunes en France, en particulier ceux issus de milieux modestes. Cette problématique touche particulièrement les zones mal desservies par les transports en commun et les emplois aux horaires atypiques.

Un problème répandu chez les 18-25 ans

Une récente étude menée auprès de plus de 2 000 jeunes âgés de 18 à 25 ans révèle l’ampleur du problème : plus des trois quarts des sondés déclarent avoir déjà dû renoncer à un emploi ou une formation en raison de difficultés de mobilité. Les principaux obstacles cités sont les horaires inadaptés ou le manque d’accessibilité des transports publics (61% des cas), ainsi que l’absence de moyen de transport personnel (56%).

Le coût des déplacements représente également un frein majeur pour cette tranche d’âge. Plus de la moitié des jeunes interrogés pointent du doigt le prix élevé de l’essence, tandis que 43% évoquent le coût prohibitif des titres de transport en commun. Ces contraintes ont des conséquences concrètes sur leur parcours : deux tiers des sondés rapportent avoir déjà manqué un examen, un rendez-vous professionnel, ou même subi un renvoi ou un licenciement à cause de problèmes de transport.

Les jeunes NEET, particulièrement touchés

La situation est encore plus critique pour les jeunes catégorisés comme NEET (acronyme anglais signifiant « Not in Education, Employment or Training »). Ces personnes qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation sont 83% à affirmer avoir renoncé à des opportunités professionnelles ou de formation en raison de problèmes de mobilité. Cela s’explique notamment par le cumul de plusieurs facteurs défavorables.

En effet, les jeunes NEET sont souvent issus de familles modestes résidant dans des zones périphériques mal desservies par les transports en commun. De plus, leur niveau de qualification généralement plus faible les oriente vers des emplois dans l’industrie ou les services (logistique, commerce, entretien) caractérisés par des horaires décalés et situés dans des zones d’activité excentrées. Cette configuration rend l’accès à l’emploi particulièrement complexe sans véhicule personnel.

Les multiples facettes du problème de mobilité

Les difficultés de mobilité des jeunes ne se limitent pas à un simple manque de moyens de transport. Elles s’inscrivent dans un contexte plus large impliquant plusieurs facteurs :

1. L’aménagement du territoire : la concentration des emplois dans certaines zones et l’étalement urbain créent des distances importantes entre lieux de résidence et de travail.
2. Les politiques de logement : la hausse des prix de l’immobilier pousse les familles modestes vers des quartiers périphériques moins bien desservis.
3. L’organisation du travail : le développement d’horaires atypiques dans certains secteurs rend l’utilisation des transports en commun difficile voire impossible.
4. Les inégalités socio-économiques : le coût du permis de conduire, l’achat et l’entretien d’un véhicule représentent un investissement considérable pour de nombreux jeunes et leurs familles.

Des solutions à mettre en œuvre

Face à ce constat, plusieurs pistes d’action peuvent être envisagées pour améliorer la mobilité des jeunes et faciliter leur insertion professionnelle :

1. Renforcer l’offre de transports en commun, notamment dans les zones périurbaines et rurales, en adaptant les horaires aux besoins des travailleurs.
2. Développer des aides financières ciblées pour l’obtention du permis de conduire et l’acquisition d’un véhicule.
3. Encourager les solutions de mobilité alternatives comme le covoiturage, l’autopartage ou les mobilités douces (vélo, trottinette électrique) en créant les infrastructures nécessaires.
4. Sensibiliser les employeurs à la problématique de la mobilité et les inciter à mettre en place des solutions (navettes d’entreprise, télétravail partiel, etc.).
5. Intégrer systématiquement la question de la mobilité dans les dispositifs d’accompagnement des jeunes vers l’emploi.

Un enjeu crucial pour l’avenir

La mobilité apparaît comme un facteur déterminant dans l’insertion professionnelle des jeunes, en particulier pour les plus vulnérables d’entre eux. Lever ces freins constitue un enjeu majeur pour lutter contre le chômage des jeunes et favoriser l’égalité des chances. Cela nécessite une approche globale impliquant l’ensemble des acteurs concernés : pouvoirs publics, collectivités locales, entreprises et associations.

En améliorant l’accès à la mobilité, c’est tout un pan de la jeunesse qui pourrait voir s’ouvrir de nouvelles perspectives d’emploi et de formation. À l’heure où le marché du travail connaît de profondes mutations, garantir cette mobilité devient un impératif pour assurer l’avenir professionnel de toute une génération.

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