8 erreurs à éviter quand on débute en portage salarial
Le portage salarial attire chaque année des milliers de consultants, formateurs et freelances qui cherchent l’équilibre entre autonomie et sécurité. Mais la transition peut coûter cher si vous partez du mauvais pied. Voici les 8 erreurs qui plombent les débutants et comment les éviter.
1. Choisir sa société de portage sans comparer
Vous venez de décider de vous lancer en portage salarial et vous tombez sur une société qui vous promet monts et merveilles. Vous signez. Grave erreur. Les frais de gestion varient entre 5% et 10% de votre chiffre d’affaires. Sur 60 000€ de CA annuel, c’est jusqu’à 3 000€ de différence entre deux sociétés. Sans compter la qualité des services : certaines vous laissent vous débrouiller seul avec un simple espace client, d’autres vous accompagnent vraiment sur la négociation de vos contrats, votre développement commercial ou vos questions administratives.
Prenez le temps de comparer au minimum 3 sociétés avant de signer quoi que ce soit. Vérifiez qu’elles sont labellisées PEPS (Portage Salarial Certifié) ou membres du FEPS, le syndicat professionnel du secteur. Consultez les avis sur Trustpilot et Google, mais surtout testez la réactivité du service client avant de vous engager. Envoyez-leur un email avec une question technique et voyez combien de temps ils mettent à répondre. Privilégiez des acteurs reconnus comme Embarq qui proposent un accompagnement personnalisé et des frais de gestion compétitifs. Demandez systématiquement un devis détaillé avec une simulation de salaire net sur un CA type pour éviter les mauvaises surprises.
2. Mal calculer son Taux Journalier Moyen (TJM)
C’est la question qui revient en boucle sur les forums : « Quel TJM demander ? » Et c’est là que tout se joue. Trop bas, vous travaillez pour des cacahuètes. Trop haut, vous ne trouvez pas de missions. Un TJM mal calculé peut vous faire perdre 15 000 à 20 000€ par an, ce qui n’est pas rien.
La méthode correcte ? Partez de votre objectif de salaire net mensuel. Ajoutez 45% de charges sociales (patronales et salariales), puis les frais de gestion de votre société de portage (entre 5 et 10%), et enfin 10% supplémentaires pour couvrir les congés et les périodes non facturées. Divisez ensuite par le nombre de jours travaillés dans le mois, soit 15 à 18 jours en moyenne.
Exemple concret : si vous visez 3 500€ net par mois, il vous faut environ 4 500€ brut. Avec les charges patronales, on arrive à 6 300€. Ajoutez 7% de frais de gestion, soit 470€, et vous devez facturer 6 770€ par mois. Sur 17 jours travaillés, votre TJM devrait tourner autour de 398€. Utilisez les simulateurs en ligne des sociétés de portage et renseignez-vous sur les tarifs pratiqués dans votre secteur sur Malt, Comet ou LinkedIn pour affiner ce calcul.
3. Ne pas anticiper les périodes d’intercontrat
« Avec mon profil, je trouverai toujours du boulot. » C’est ce que tout le monde se dit au début. Et c’est faux. 80% des portés connaissent au moins une période d’intercontrat la première année. Le problème ? Sans épargne de sécurité, c’est la panique. Et quand on panique, on accepte n’importe quelle mission mal payée juste pour faire rentrer de l’argent.
Constituez dès votre première mission une épargne de sécurité représentant 2 à 3 mois de revenus. C’est non négociable. Ensuite, adoptez le bon timing : commencez à prospecter 4 à 6 semaines avant la fin de votre mission en cours, pas le dernier jour. Développez aussi votre réseau parce que 70% des missions viennent des recommandations et du bouche-à-oreille, pas des plateformes. Inscrivez-vous sur plusieurs sites (Malt, Comet, Crème de la Crème), mais misez surtout sur LinkedIn et les événements professionnels de votre secteur.
Le réflexe à prendre : bloquez une demi-journée par semaine pour votre prospection commerciale, même quand vous êtes en mission. C’est cette discipline qui fait la différence entre ceux qui enchaînent et ceux qui subissent.
4. Négliger la gestion administrative
Les notes de frais qui s’accumulent dans votre portefeuille, les comptes rendus d’activité que vous remplissez à l’arrache le dernier jour du mois, les justificatifs de formation jamais scannés… La gestion administrative, c’est chiant mais c’est ce qui conditionne la rapidité de vos paiements.

Votre société de portage a besoin de vos documents pour vous payer. Un CRA (Compte Rendu d’Activité) transmis en retard, c’est un salaire qui arrive 10 à 15 jours plus tard. Des notes de frais perdues, c’est de l’argent qui ne reviendra jamais dans votre poche. Tenez un tableau de suivi mensuel simple : dates de mission, jours facturés, montants, frais engagés. Scannez tous vos justificatifs le jour même avec une app comme Expensya ou Evernote et classez-les par mois. Respectez religieusement les deadlines de votre société de portage, généralement le dernier jour ouvré du mois pour les CRA.
La vraie astuce ? Programmez un rappel hebdomadaire dans votre agenda pour faire le point sur vos documents. 30 minutes par semaine, c’est tout ce qu’il faut pour éviter les galères.
5. Mal comprendre le système de rémunération
Le choc du premier bulletin de salaire. Vous avez facturé 8 000€ dans le mois et vous recevez… 3 800€ net. « Mais ils m’ont volé la moitié ! » Non, vous avez juste mal compris comment fonctionne la rémunération en portage salarial.
Votre chiffre d’affaires n’est pas votre salaire. C’est juste le point de départ. De ces 8 000€ facturés, la société de portage prélève d’abord ses frais de gestion (entre 5 et 10%, soit 400 à 800€). Ensuite viennent les charges patronales (environ 40%), puis les charges salariales (environ 22%). Au final, votre salaire net représente approximativement 50% du CA facturé. C’est mathématique, pas du vol.
Avant de signer votre contrat de portage, demandez une simulation détaillée sur plusieurs exemples de CA. Certaines sociétés proposent des outils en ligne où vous entrez votre CA mensuel et obtenez instantanément votre salaire net prévisionnel. Utilisez-les systématiquement pour planifier votre budget et éviter les désillusions. Comprenez aussi la décomposition de votre bulletin : salaire brut, cotisations sociales, avantages (mutuelle, prévoyance), frais professionnels remboursés. Tout doit être transparent.
6. Sous-estimer l’importance du contrat commercial
Vous décrochez votre première mission, le client vous envoie son contrat, vous le signez direct. Mauvaise idée. Tous les contrats commerciaux doivent passer par votre société de portage avant signature. C’est elle qui contractualise officiellement avec le client, pas vous. Signer directement un contrat avec un client alors que vous êtes en portage peut créer des situations juridiques complexes, voire du travail dissimulé.
Au-delà de l’aspect légal, faites valider le contrat pour protéger vos intérêts. Un délai de paiement à 90 jours ? C’est inacceptable et votre société de portage le refusera. Des pénalités de retard démesurées ? À négocier. Des clauses de propriété intellectuelle abusives ? À revoir. Votre société de portage a l’expérience de ces négociations et peut repérer les clauses problématiques que vous ne verriez pas.
Négociez toujours des conditions de paiement raisonnables : 30 à 45 jours maximum. Vérifiez les clauses de résiliation et assurez-vous qu’elles sont équilibrées (même préavis pour les deux parties). Lisez attentivement la partie sur la confidentialité et la propriété intellectuelle. Une fois le contrat validé par la société de portage, elle le signe avec le client. Vous, vous signez une convention de portage qui vous lie à la société, et un avenant de mission pour chaque nouveau contrat.
7. Oublier de déclarer ses frais professionnels
Vous déjeunez avec un prospect, vous prenez le train pour aller chez un client, vous achetez un nouvel ordinateur portable pour votre activité… Si vous ne déclarez pas ces frais, vous perdez de l’argent. Les frais professionnels remboursables en portage salarial représentent souvent 10 à 15% de votre CA, ce qui peut faire plusieurs milliers d’euros par an.
Sont déductibles : les repas d’affaires, les transports (train, avion, taxi, péages, parking), l’hébergement en déplacement, le matériel professionnel (ordinateur, téléphone, logiciels), les formations, les abonnements professionnels (LinkedIn Premium, livres techniques), la location d’un espace de coworking, et même une partie de vos frais de téléphone et internet si vous travaillez de chez vous. Pour chaque dépense, gardez le justificatif et notez le contexte (nom du client, objet du déplacement ou de l’achat).
La TVA sur vos achats professionnels est également récupérable, ce qui augmente encore le remboursement. Déclarez vos frais mensuellement, pas en une fois en fin d’année. C’est plus simple à gérer pour vous et pour la société de portage, et ça évite les mauvaises surprises fiscales. Certaines sociétés plafonnent les frais remboursables à 30% du CA : renseignez-vous sur ces limites avant de faire des achats importants.
8. Ne pas profiter des avantages du portage salarial
Vous êtes salarié. Ça veut dire que vous avez droit à la formation via votre Compte Personnel de Formation (CPF), à une mutuelle d’entreprise, à une prévoyance, à l’assurance chômage, et même aux tickets restaurant dans certaines sociétés. Pourtant, beaucoup de portés n’utilisent jamais ces avantages.
Votre CPF se remplit automatiquement à hauteur de 500€ par an (800€ pour les personnes peu qualifiées). Utilisez-le pour vous former, monter en compétences, apprendre un nouvel outil ou obtenir une certification. C’est de l’argent qui dort si vous ne vous en servez pas. Vérifiez aussi votre mutuelle : qu’est-ce qu’elle couvre ? Quels sont les niveaux de remboursement ? Certaines sociétés de portage négocient des contrats collectifs avantageux.
L’assurance chômage, c’est votre filet de sécurité. Si vous ne trouvez vraiment plus de missions, vous pouvez toucher des allocations calculées sur vos derniers salaires. Mais attention : il faut avoir travaillé au minimum 6 mois sur les 24 derniers mois pour y avoir droit. Enfin, ne sous-estimez pas l’accompagnement de votre gestionnaire. Il connaît votre métier, votre marché, et peut vous conseiller sur la négociation de vos contrats, votre TJM ou votre prospection. Un bon gestionnaire, c’est comme un copilote : il vous évite les trous d’air.
À retenir
Le portage salarial est un excellent statut qui combine la liberté du freelance et la protection du salarié. Mais comme tout statut, il fonctionne bien si vous le comprenez et si vous adoptez les bonnes pratiques dès le départ. Les erreurs listées ici coûtent cher : en argent, en temps, en stress. Prenez le temps de bien choisir votre société de portage, de calculer correctement vos tarifs, d’anticiper les creux d’activité et de comprendre comment vous êtes payé. Le reste suivra naturellement.
Checklist du débutant en portage salarial :
- Comparer au moins 3 sociétés de portage
- Calculer son TJM avec une vraie simulation
- Constituer une épargne de sécurité (2-3 mois)
- Mettre en place un système de suivi administratif
- Faire valider tous les contrats avant signature
- Scanner et classer tous les justificatifs de frais
- Vérifier ses droits à la formation (CPF)
- Identifier son interlocuteur privilégié dans la société de portage